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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 22:26
Le consensus national devrait précéder la révision constitutionnelle.

Nonobstant une médiatisation surdimensionnée, la démarche pour l’amendement de la constitution pose un problème de fond. En effet, dans les pays où le pouvoir émane réellement du peuple, un tel projet est le résultat d’un dialogue national. Lequel dialogue regroupe évidemment les potentialités nationales en vue d’élaborer ensemble une feuille de route consensuelle.

De toute évidence, bien que le pouvoir engage une soi-disant « concertation », force est de reconnaitre que cette démarche n’est ni consensuelle ni issue d’un large débat. D’ailleurs, pour le FFS, cette initiative est assimilée à un laboureur mettant la charrue avant les bœufs.

Quoi qu’il en soit, pour les dirigeants algériens, la modification du texte fondamental répond à des manœuvres politiciennes. La question de la bonne gouvernance est uniment reléguée au second plan. Pire encore, depuis le recouvrement de l’indépendance, les dirigeants excellent dans le musellement de la société.

Du coup, chaque « président » élabore sa propre constitution. D’ailleurs, les Algériens ont l’habitude d’associer le nom du chef de l’État à la période qu’il a gérée. Et pour chacun d’entre eux, l’élaboration de la constitution se fait en créant les fausses conditions de consensus.

Pour ce faire, le pouvoir invite les acteurs politiques à commenter le projet présidentiel. Si quelqu’un est d’accord, on fera alors de cet événement un moment d’union nationale. En revanche, si un parti d’opposition conteste la démarche, on mobilisera tous les moyens de l’État pour le discréditer.

Naturellement, le FFS se trouve dans la seconde catégorie. Entre le pouvoir et le FFS, l’approche, pourrait-on dire, est antinomique. D’ailleurs, intervenant en marge des travaux du forum des élus, le premier secrétaire, Ahmed Betatache, affirme que le parti milite pour « la reconstruction d’un consensus politique pour la reconstruction d’un État de droit. »

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette voie diffère foncièrement de celle du pouvoir. Ce dernier –bien qu’il rétablisse la limitation du nombre de mandats présidentiels – s’inscrit dans une approche visant la pérennisation de son emprise sur l’Algérie. Et c’est en tenant compte de ces éléments que le peuple algérien devrait jouer son rôle d’arbitre.

Bien évidemment, dans quelques semaines, la clientèle du régime va se mobiliser pour louer les avancées démocratiques en Algérie. Dans le fond, ces améliorations [la garde à vue limitée à 48 heures, la limitation du nombre de mandats présidentiels] ne sont que des concessions fragiles. Et si un jour le régime décide de les supprimer, il ne se généra pas. Dans ce domaine, les exemples se multiplient à foison. Le plus indicatif est celui de la révision de la constitution le 12 novembre 2008.

Probablement, les mêmes acteurs viendront vendre le projet contraire. Ainsi, Ahmed Ouyahia, qui a milité pour la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux en 1996, a changé facilement de fusil d’épaule en 2008 en soutenant la suppression de cette clause limitative. Aujourd’hui, il est à la tête de l’équipe qui prône le retour à la limitation du nombre de mandats présidentiels. Dans quelques années, en regardant les Algériens dans les yeux, il pourra revenir avec la même détermination défendre la suppression de cette loi. Et tout ça, sans sourciller.

Pour conclure, il va de soi que la démarche du pouvoir –au-delà des maigres concessions –exclut de fait le peuple algérien. En effet, la feuille de route du régime est élaborée de façon unilatérale. Le but est d’imposer, encore une fois, sa vision. Alors que l’opposition revendique une solution politique à la crise, le régime se recroqueville sur lui-même.

Résultat des courses : malgré une richesse dont dispose le pays, force est d’admettre que l’Algérie est clouée au sol à cause de la situation de statu quo. Enfin, bien que le pays aille à vau-l’eau, le régime fait la sourde oreille. Mais cela peut-il empêcher l’opposition de créer les conditions de rassemblement de toutes les énergies ? La réponse est non. Dans ce domaine, le FFS a un rôle primordial à jouer.

Ait Benali Boubekeur

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  • Il est du devoir de chaque citoyen de s’intéresser à ce qui se passe dans son pays. C'est ce que je fais modestement.
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